Un message du Dr Jane Goodall pour the Cow Foundation

J'ai rencontré les vaches pour la première fois à l'âge de 5 ans, dans une ferme appartenant à la famille de mon père. J'ai toujours aimé tous les animaux et je me souviens que j'étais très excitée de voir les vaches et leurs veaux dans un grand champ, les mères broutant pendant que leurs veaux jouaient et gambadaient.
10 ans plus tard, alors que j'aidais dans une ferme pendant mes vacances scolaires, j'ai appris à traire. À l'époque les vaches étaient traites le matin, sortaient de l'étable pour paître toute la journée, puis revenaient des champs pour être traites en fin d'après-midi. (Je me souviens, quelque temps plus tard, avoir assisté avec horreur à l'introduction des pis des vaches dans des tubes d'aspiration pour la traite mécanique dans une ferme industrielle). J'ai appris à aimer les vaches que je trayais. Je les connaissais en tant qu'individus, chacunes avec sa propre personnalité. Dans cette ferme, les veaux restaient avec leur mère au moins jusqu'à l'âge de 5 mois. C'était avant l'apparition des fermes industrielles modernes.
Des personnes courageuses, travaillant sous couverture, ont observé et pris des vidéos de la façon dont les vaches sont si souvent traitées aujourd'hui. Les fermes industrielles ne sont rien d'autre que des camps de concentration inhumains pour les vaches. La plupart des vaches ne sortent jamais et sont obligées de rester debout dans des espaces réduits et souvent insalubres. Elles sont inséminées artificiellement une fois par an. Cette opération est douloureuse pour la vache et angoissante pour le taureau (dont le sperme est généralement recueilli par éjaculation électrique). Dans certaines fermes, les bébés sont autorisés à téter pour faire couler le lait avant d'être emmenés pour être élevés dans des stalles sombres, stériles et solitaires avec du lait de soja. Ainsi, le lait de leur mère, qu'elle a produit pour son bébé, peut être vendu pour nous. La séparation d'avec la mère est déchirante. Une fois, j'ai entendu une mère et son veau nouveau-né crier l'un contre l'autre, désespérés et impuissants, pendant toute la nuit. Le pire, c'est que lorsque les vaches sont autorisées à garder leurs veaux jusqu'à l'âge adulte, la mère et l'enfant nouent des liens très étroits. Les vaches sont des animaux sociaux qui tissent des liens étroits au sein d'un troupeau, en particulier entre les membres d'une même famille.
Les veaux mâles sont soit élevés pour la viande de veau et tués lorsqu'ils n'ont que quelques semaines, soit élevés pour la viande de bœuf. Ces veaux sont souvent gardés seuls dans de petits enclos, sur des grillages métalliques. Le seul exercice pour ces jeunes sociables consiste à faire quelques pas pour se nourrir. Lorsqu'ils sont plus âgés, ils peuvent être entassés dans des cours souvent dépourvues d'abri contre les éléments. J'ai vu un tel endroit : il y avait tellement d'animaux dans la petite cour qu'ils pouvaient à peine bouger, et comme il avait plu, ils avaient de la boue polluée par les excréments jusqu'aux genoux. Leur misère et leur désespoir m'empêchaient de dormir. Lorsque vient l'heure de l'abattage, ils sont forcés de monter dans des camions, tellement serrés les uns contre les autres qu'ils ne peuvent pas bouger, et ils sont souvent conduits sur des kilomètres sans nourriture ni eau. Je n'oublierai jamais le regard des bêtes dans un tel camion. J'étais dans une voiture qui, pendant un certain temps, roulait parallèlement au camion et j'ai vu de la confusion et de la peur. Quelle nouvelle horreur était en train d'arriver à ces êtres innocents qui n'avaient fait de mal à personne ? Une fois de plus, je n'arrivais pas à dormir.
Et l'horreur finale : l'abattage. Je n'ai vu que des vidéos, prises par de courageux héros infiltrés, de groupes contraints d'entrer dans l'étroit passage au bout duquel ils sont soumis à l'étourdissement. Mais dans leur terreur, en entendant les appels angoissés autour d'eux, certains secouent la tête et évitent ainsi le pistolet d'étourdissement. Les règles interdisent de tuer des animaux conscients, mais dans la hâte de tuer le nombre approprié de vaches par heure, elles sont presque toujours envoyées vers leur destin cruel, vivantes et conscientes. J'étais en larmes en entendant leurs cris de peur et de douleur.
Heureusement, de plus en plus de sanctuaires apparaissent pour les animaux sauvés des fermes industrielles. J'ai eu la chance de voir trois vaches laitières qui n'étaient plus productives et qui avaient été sauvées de l'abattoir. Lorsqu'on les a laissées sortir dans leur champ, elles se sont mises à courir, leurs mamelles hypertrophiées, désormais vides, se balançant sauvagement d'un côté à l'autre tandis qu'elles levaient les talons dans une extase de liberté. J'avais une amie qui avait sauvé un veau, et au fur et à mesure qu'il grandissait, il s'est lié à elle et a appris à jouer à la balle, exactement comme un chien. Elle lançait la balle en bas d'une pente et le jeune taureau se lançait à sa poursuite, beuglant d'excitation, puis renvoyait la balle en la frappant avec son nez pour que le jeu puisse être répété - encore et encore. Et apparemment, ce n'est pas rare. En d'autres termes, les vaches sont joueuses lorsqu'elles en ont l'occasion. Une autre vache a posé sa tête sur l'épaule d'un ami qui jouait de la guitare. Et l'on sait que les vaches s'approchent pour écouter lorsque de la musique classique est jouée à proximité ou dans leur champ.
Le manque de compréhension du grand public est inquiétant, car si davantage de personnes savaient ce qui se passe dans les fermes industrielles, elles seraient moins enclines à manger la chair ou à boire le lait issus de ce qui s'apparente à de la torture. Je suis devenu végétarienne lorsque j'ai appris l'existence des élevages industriels. Après avoir lu « Animal Liberation » de Peter Singer, je me souviens avoir regardé un morceau de viande dans mon assiette et m'être dit : "Cela symbolise la peur ! La douleur ! La mort !" Je ne l'ai plus mangé, ni aucune viande depuis. J'ai fait de même avec le lait et le fromage lorsque j'ai découvert l'horreur des fermes laitières.
Ce n'est que lorsque les gens comprendront les réalités de l'élevage industriel et adopteront un régime alimentaire à base de plantes, lorsque l'on acceptera plus largement que les animaux d'élevage sont sensibles et souvent intelligents, que nous pourrons espérer mettre un terme à ces pratiques barbares.
Cette déclaration du Dr Jane Goodall, DBE, a été rédigée à l'origine pour la Cows Foundation.